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Qui ne s’est jamais dit un jour « ça suffit, la routine, la grisaille, la Nouvelle Star… j’en ai marre ! C’est officiel, je pose ma démission et je plaque tout et JE ME CASSE !! ». Mais entre le dire, s’en convaincre et le faire réellement il y a un fossé tellement grand qu’on pourrait y caser l’Australie.

On entend pourtant parler, de temps à autre, d’un couple d’amis qui le fait pour vrai, et qui part. Waouh !  » Mais bon, nous autres, jeunes parents, c’est impossible ! Ils ont de la chance… » Impossible ? Chance ? Pas si sûr… Vanessa Pol, son mari et ses deux enfants ont fait le tour du monde en voilier pendant quatre ans ! Une expérience qui n’est pas possible pour tout le monde, mais qui est beaucoup plus accessible que ce qu’on pense. J’ai voulu l’interroger pour en savoir plus sur les raisons qui l’ont poussés à faire ce voyage, mais surtout sur la logistique qu’il a fallu mettre en place pour pouvoir réellement le faire.

Si vous lisez Mon Papa est un Geek, vous connaissez Vanessa Pol. C’est elle qui est à l’origine des livres électroniques pour enfants Lulu et Zazou dont je parlais ici.

MPEG : Comment avez-vous pris la décision de faire le tour du monde à la voile ? 

VP : On ne part pas dans ce genre d’aventure sans un déclencheur. Avec mon mari, on s’est connus autour du voyage.

Un jour, on a fait un voyage en Thaïlande  où on avait loué un bateau pendant 15 jours. C’était génial, mais le retour était trop dur. On s’est demandé pourquoi c’était si dur de rentrer, on voulait continuer le voyage. On a alors dit qu’on allait s’organiser pour faire un plus grand voyage. Mais rapidement on s’est rendu compte que c’était trop tôt, on n’avait pas l’argent. Et puis comme j’étais enceinte, on a laissé couler le projet.

C’est 10 ans après, qu’on a eu le second déclencheur ! Mon mari avait sa boîte depuis 20 ans et il s’ennuyait.
Moi j’ai eu envie d’avoir un autre enfant, mais c’était inconcevable de l’avoir à Paris ! Il fallait qu’on parte ! Le projet est revenu à la surface.

J’ai fait les comptes, j’ai calculé, et j’ai vu qu’on pouvait s’en sortir.  On s’est dit qu’on ferait le bébé pendant le voyage.
À la base de ces déclencheurs, il y a un besoin d’être vivant, un besoin de contrôler sa vie…

Ensuite voilà c’est fait très rapidement. On a fait notre plan financier, on a tout vendu, on a acheté un bateau… et on est parti !

[NDLR : Il est intéressant de noter que dans ce genre d’histoires, le plus souvent, c’est l’homme qui est a l’initiative du départ. Messieurs, vous savez ce qu’il vous reste à faire !]

MPEG : Quel était ton sentiment une fois le projet acté ?

VP : Le plus dur dans le projet a été de prendre la décision ferme de partir. Mais bizarrement, à partir du moment où on l’a décidé, j’étais super énervée. Je ne voulais pas tout perdre, mon travail, mon réseau, ma famille, mes amis… Et puis au bout de 15 jours j’avais fait le tour de la question. Je savais que nous allions vivre des aventures qui allaient nous bousculer. Et pour ça, il fallait qu’on se mette en danger, prendre le risque de perdre notre situation… 

La mise en route a été assez difficile pour moi, le temps des préparatifs. Il a fallu faire toutes les démarches pour pouvoir partir, et pour être sûr que c’était ce qu’on voulait réellement, on s’est donné une date limite de deux mois. Avant cette date, on pouvait encore revenir en arrière… Après, c’était le grand saut ! 
Du coup, on l’a un peu vécu comme ‘cap ou par cap’ de le faire jusqu’au moment du point de non retour ! Et le moment décisif, celui de la mise en vente de la maison, ça a été une grosse montée d’adrénaline !

On n’a jamais regretté cette décision, mais pour la prendre il y a forcément un moment de folie.

Au niveau du budget, que faut-il prévoir ?

Il faut différencier le budget du bateau [NDLR Ou du transport d’une manière plus large], et le budget de la vie courante.
Pour la vie courante, tout dépend des familles, certaines vont avoir besoin de 1000 euros par mois et d’autres de 4000 euros.

Nous avions préparé notre budget en faisant des simulations, mais il faut savoir que l’avantage de voyager en mer c’est qu’on peut se nourrir pour pas cher ! La pêche est une source de nourriture abondante et gratuite ! On peut tout à fait vivre avec très peu d’arrêts dans les ports.

Ensuite, il faut prévoir les compléments alimentaires, les douanes, l’habillement et surtout les réparations du bateau.En dehors des frais du bateau, il faut compter en moyenne un budget de 400 euros par personne et par mois.
Heureusement, quand on voyage on rencontre beaucoup de solidarité et ça aide à réduire la facture !

Ce qui est sûr c’est que le bateau est un moyen de transport très économique, car sur la route, il faut payer la nourriture, l’essence et les douanes. Le budget n’est pas du tout le même et la facture monte très vite !

En revanche, il faut être ou apprendre à devenir bricolo ! Mon mari n’était pas franchement porté sur la question, mais sur un bateau les pannes sont fréquentes et on ne peut compter que sur soi pour réparer les pièces.  On se surprend à réussir des choses que l’on ne se pensait pas capable de réussir…

MPEG : Et la scolarisation des enfants ?

VP : Lorsque on est Français, on possède la chance extraordinaire de pouvoir maintenir la scolarité de ses enfants à distance grâce au CNED (Le Centre National d’Enseignement à Distance). On est le seul pays qui possède ce système et qui nous a permis de vivre cette aventure. Les Allemands, par exemple, ne peuvent pas faire la même chose car leurs enfants ne peuvent pas les suivre car ils ont l’obligation d’être physiquement à l’école. 

Le CNED, c’est l’école publique !Tu peux télécharger les cours gratuitement, tu as un professeur à qui tu envoies tes devoirs et qui te renvoie des corrections. C’est une scolarité particulière, mais qui fonctionne.

C’est un peu dur à mettre en place au départ, surtout si l’enfant a déjà connu une scolarité classique, mais une fois que c’est bien mis en route, c’est simple ! Tous les matins, il y avait école. Le rythme était posé ! Évidemment, certains jours, on était dans des sites tellement beaux que l’école, c’était surtout de vivre des aventures. Mais après il fallait rattraper le retard….

Ça apprend aux enfants l’autonomie, et lorsqu’ils retournent dans un système scolaire classique, ils ont généralement un excellent niveau et sont beaucoup plus efficaces en classe.

On a donné une adresse en France, chez ma belle-mère. Elle nous scannait les retours.

S’il n’y avait pas eu le CNED, on n’aurait pas fait notre projet. C’est grâce à ça qu’on trouve beaucoup de français qui voyagent. Les étrangers nous envient le CNED !

MPEG : Faire le tour du monde avec ses enfants, c’est pour tout le monde ?

VP : Non, je pense pas que ce soit une aventure que tout le monde peut faire. Il y a beaucoup de galères, si on n’est pas motivé, on ne voit que les galères. Un bateau, c’est plein de complications au quotidien, ça devient vite complexe et il y a toujours quelque chose qui foire. On a toujours la caisse à outils sous l’oreiller.Si on n’a pas quelque part le sentiment d’un épanouissement complet par le voyage, alors on va vite péter les plombs.

Mais partir, ça veut aussi dire qu’on va subir un déclassement social. Vous serez vu comme les voyageurs, les profiteurs qui se la coule douce.  Il faut vraiment être capable de rompre les amarres sociales et c’est le plus dur.
Nous ne sommes que locataires de la vie, il faut en profiter de ce temps qui nous est donné. Et pour moi, il fallait vraiment que j’ai du temps à consacrer à ma vie, ma famille !

Il y a peut-être d’autres personnes qui s’épanouissent totalement dans leur vie sociale, et si on n’a pas le désir profond de partir, alors c’est une folie de le faire.

On me dit souvent que j’ai de la chance d’avoir pu partir, je déteste ça ! Je suis née sous une bonne étoile, oui c’est certain, mais je ne m’estime pas avoir de la chance. J’ai saisi des opportunités, j’ai pris mon courage à deux mains, j’ai fait beaucoup de concessions,  je me suis mise en danger…. c’est ce que les gens appellent souvent de la chance ! Ça s’appelle prendre sa vie en main!

MPEG : Qu’est-ce qui a été plus facile que prévu dans cette aventure ?

VP : Le rapport à autrui… On fait des rencontres de personnes avec qui on n’aurait jamais tissé de lien dans nos vies d’avant.Il y a énormément d’entraide dans le voyage. L’amitié est très différente parce qu’on vit vraiment des choses. On est plus dans un contexte ultra conventionné où on prend l’apéro et, on papote autour d’un verre une fois par mois.
Il se passe des choses, on se dépanne, on se vient à l’aide. On crée du véritable lien, fort et durable, car on est très interdépendants les uns les autres.

D’une manière générale, j’ai beaucoup appris sur moi, et j’ai appris qu’on n’imagine pas ce qu’on est capable de faire…

 

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Nicolas

The author Nicolas

Nicolas est un papa, Nicolas est un geek, Nicolas est un papa geek ! Mais aussi journaliste, et photographe professionnel.

12 Comments

  1. Bravo ! Ils sont dingues, courageux et passionnés, pas chanceux. C’est génial, et quelle expérience pour les gamins… Ils doivent en faire rêver plus d’un !
    rentreratelleauboutdunmois.wordpress.com

  2. tu te doutes que cet article me touche beaucoup! Bravo a eux!(quant au CNED, ca m’etonne ce qui est dit sur le fait que la France soit le seul pays au monde, car en Australie, home schooling est hyper rependu et les gens chez qui je vis en ce moment ont fait un road trip au Canada avec leur fille de 8ans sans aucun soucis, pareil elle recevait les cours par email etc etc.)
    Merci en tout cas pour cet article!

  3. Pour avoir vécu une expérience similaire (1 an à la voile autour de l’Atlantique) du point de vue des enfants (j’avais 10 ans), je remercie les parents qui offrent ce genre de voyage à leurs enfants.

  4. merci pour le temoignage ! nous aussi maison en vente pour achat immobilier plus petit et achat du voilier dans les premiers temps ce sera tour de mediterranee et ensuite on verra ! je vous souhaite que du bonheur et je vous suivrai via internet !! merci encore

  5. Hello nous sommes en train de préparer notre tour du monde, nous sommes dans la phase de la vente de nos biens et nous avons hâte que cela se termine…. vite ! et lire ce témoignage nous confirme bien que nous avons raisons dans notre choix du TDM
    nous hésitons encore entre le cata et monoque mais cela va vite se décider .. !!
    biz à toute votre votre famille merci pour ces lignes qui nous rêver !!!

  6. Bonjour,
    Je dois vous avouez que je suis très jaloux de ce que vous avez due vivre 🙂 BRAVO !

    Je suis actuellement très emballé par un tour du monde mais malgrés des efforts importants je n’ai réussi a convaincre personne de mon entourage de me suivre pour cette aventure.
    Pensez vous qu’un tour du monde en « solitaire » soit prudent pour un homme de 21 ans bien déterminé et remonté a block ?

  7. c super ce que vous faite !!! j’ai envie de franchir le pas…avec mon homme et ma fille marre de subir ma vie envie de profiter aujourd’hui nous n’avons rien a nous donc rien a vendre je veux surtout pas mettre ma fille en danger j’aimerais pouvoir vous contacter pour vous poser quelque question merci d’avance

  8. Bonjour nous sommes en train de préparer notre tour du monde,nous pensons que se projet serais dans 5 ans nous sommes dans la phase de faire estimé la maison , et lire ce témoignage nous confirme bien que nous avons raisons dans notre choix du TDM
    nous hésitons encore entre le cata et monocoque .. !!nous avons était au premier salon nautique a canne génial nous choisirons peu être cata!!!!
    Mais j’ai temps de questions pour monté se projet que je ne c’est pas par ou commencer .
    déjà j’aurez aimer a prendre a parler l’anglais mais es nécessaire .Pour l’entretien du bateau, pas trop peur mon mari touche a tous, électricien, mécanicien, froid et clim. La maison c’est lui qui a tous fait.Je pense que se seras un atout pour les réparations sur le bateau.
    j’aimerais pouvoir vous contacter pour vous poser quelque question merci d’avance
    merci pour ces lignes qui nous fait déjà rêver !!!

  9. Qui ne rêve pas d’entreprendre un tel voyage ? Je pense que pour 80%, des gens que je côtoie, c’est un rêve ! J’ai foi dans ce qui me démange intérieurement, j’ai une motivation qui m’anime et il est probable que je puisse le réaliser…Merci de nous avoir partagé ce très beau témoignage !

  10. Bonjour!
    Votre témoignage me rassure. Nous sommes actuellement dans la même situation que vous. On en a marre, on quitte tout, on a envie de changement, de couper le fil avec la vie actuelle,de folie et on se dit aussi vive le CNED…. Sauf que cela fait peur. Ca donne la trouille même mais si on ne le fait pas maintenant après il sera trop tard alors voilà,c’est maintenant ou jamais . On a mis la maison en vente. On signe ce mois-ci! et après c’est l’aventure…et 9a me travaille.
    Maintenant on va sérieusement regarder pour s’acheter une maison/bateau. Ca ne va pas être simple, c’est une évidence…On a deux enfants de 10 et 6ans. On aime la mer tous les deux mais nous ne sommes pas des navigateurs expérimentés,du moins pas encore. Nous allons devoir rechercher un skipper ainsi que des personnes pour nous aider à réaliser ce départ. Si vous avez des conseils ou du temps à nous accorder, nous sommes preneurs de vos diverses expériences. …
    J’aurai aimé vous contacter si possible.
    A bientôt peut être!!!

    1. Bonjour Gwladys,
      Nous sommes une famille de 3 personnes (le petit bout à 27 mois) et nous vivons sur un voilier et nous partons courant l’année prochaine pour un long voyage sans date de retour. Nous partons pour les mêmes raisons. Nous vivons vraiment dans une société « de fou ».
      N’hésitez pas !
      a bientôt

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