Ce titre, ouvertement provocateur et un brin chauvin n’est pas de moi, mais de Pamela Druckerman, une journaliste américaine vivant à Paris depuis quelques années et qui a publié un article sur l’art d’être parent en France dans le Wall Street Journal samedi dernier.
Avant d’aller plus loin, je vous invite à lire cet article, il est vraiment très intéressant.
Mais comme il est surtout très long, et qui plus est dans la langue de Shakespeare (et aussi dans la langue de George Lucas) je vais vous en résumer les idées fortes ici-même. Ne me remerciez pas, c’est bien normal. Non, non. J’insiste.
La thèse principale de cet article est de faire une comparaison entre les méthodes éducatives (le terme est un peu lourd) américaines et françaises, sachant que l’auteur met clairement en avant le fait qu’il y a un problème d’éducation aux USA que nous autres parents de l’hexagone aurions réussi à surmonter.
Ainsi, Pamela commence par raconter comment se déroulaient ses repas au restaurant avec sa fille de deux ans :
Bean [c’est le nom de sa fille] n’avait qu’un bref intérêt pour la nourriture, et en quelques minutes, elle était déjà en train de répandre du sel et de déchirer les paquets de sucre. Puis, elle demandait à être sortie de sa chaise haute, afin qu’elle puisse courir dans tous les sens dans le restaurant et éventuellement s’enfuir.
Notre stratégie était donc de manger le plus vite possible. On commandait en s’asseyant, puis nous supplions le serveur d’apporter en urgence du pain, et de nous servir entrées et plats en même temps. Tandis que mon mari engloutissait son poisson, je m’assurais que Bean ne se faisait pas virer par un serveur, ou qu’elle n’était partie à l’aventure. Ensuite, nous échangions nos rôles. Nous laissions d’énormes pourboires en guise d’excuses [les pourboires américains sont déjà énormes par défaut, entre 15 et 20 % du montant total de l’addition !], et pour compenser la quantité importante de serviettes chiffonnées et de morceaux de poissons éparpillés autour de la table.
Après d’autres atroces expériences de restauration, j’ai commencé à constater que les familles françaises ne semblaient pas partager nos agonies alimentaires. Les bébés français étaient gentiment assis sur leurs chaises hautes, attendant leur nourriture, ou mangeant du poisson… et même des légumes. Il n’y avait ni hurlement, ni complainte, et il n’y avait pas non plus de débris autour de leur table.
Personnellement, dans ma vie pré-parentale, j’ai eu, à de multiples occasions, la possibilité de vérifier que cette magnifique histoire n’est pas toujours vraie ! Bref, continuons.
Rapidement, il m’est apparu que les parents français ont créé une atmosphère familiale totalement différente de ce qu’on trouve chez nous.Quand ma famille américaine venait nous rendre visite, les parents passaient plus de temps à arbitrer les prises de becs de leurs enfants, ou à aider leur nourrisson à faire le tour de l’îlot de cuisine ou encore à construire un village en Lego. À l’inverse, quand les Français nous rendaient visite, les grands buvaient le café tandis que les enfants jouaient tranquillement ensembles.
[…]
J’ai réalisé que les USA avaient un problème avec leurs enfants quand je suis tombé sur une étude de 2009, dirigée par des économistes de Princeton [Prestigieuse université américaine] comparant des mères dans des situations similaires dans la ville de Colombus (état de l’Ohio, USA) et dans la ville de Rennes, en France. Les résultats montrent que les mères américaines sont deux fois plus insatisfaites de s’occuper de leurs enfants que les mères françaises. Une autre étude, par les mêmes personnes, rapportait que les mères ayant un travail au Texas préféraient faire le ménage que de s’occuper de leurs enfants.
Malgré tous ses problèmes, la France offre le remède idéal au problème actuel de la parentalité américaine. Les parents français de la classe moyenne ont des valeurs que je partage. Ils sont très motivés pour parler à leurs enfants, leur montrer la nature, leur lire des tonnes de livres. Ils leurs offrent des activités sportives, des cours de peinture et vont même dans des musées scientifiques interactifs.
Les Français ont réussi à s’impliquer dans leur vie familiale sans que ça ne tourne à l’obsession. Ils assument que de bons parents ne sont pas totalement au service de leurs enfants, et qu’il n’y a pas de raison de se sentir coupable de cela. […] Les parents français veulent que leurs enfants soient stimulés, mais pas à longueur de journée. Alors que certains bébés américains ont des cours de mandarin, ou des stages de prélecture, les enfants français, eux, font leurs premiers pas (au sens propre comme au sens littéral) par eux-mêmes.
Il en reste encore un peu, je vous en remet une dose ? Vous allez voir, c’est intéressant.
Je ne suis certainement pas la première à soulever le problème d’éducation de la classe moyenne américaine. À vrai dire, ce phénomène a même été précisément diagnostiqué, étudié et nommé : « Overparenting » « Hyperparenting », « Helicopter parenting » ou encore mon préféré la « Kindergarchy » (la dictature des enfants). Personne ne semble aimer le style d’éducation à l’américaine, sans repos et très (trop) rythmé, si ce n’est les parents eux-mêmes.
[…]
Une des clés de l’éducation à la française est le simple fait d’apprendre à attendre. C’est la raison pour laquelle la plupart des bébés français que j’ai rencontré font leur nuit d’entre deux et trois mois. Leurs parents ne les sortent pas du lit au moindre gémissement, laissant alors l’enfant apprendre comment se rendormir seul. C’est aussi la raison pour laquelle le bébé frenchy restera sagement assis au restaurant. Car contrairement aux enfants américains qui mangent un peu tout le temps, les Français doivent attendre l’heure du repas suivant.
[…]
L’autorité est l’un des éléments les plus importants de la parentalité à la française, et probablement le plus dur à maîtriser. Beaucoup de parents que j’ai rencontré ont une autorité simple et calme avec leurs enfants, que je ne peux qu’envier car leurs enfants les écoutent. Ils ne sont pas tout le temps en train de courir dans tous les sens, répondant à leur parent ou en train de se lancer d’en d’interminables négociations.
J’arrête là la traduction de cet article passionnant car vous en aurez saisi le sens principal. L’auteur de ce texte semble avoir rencontré beaucoup de familles françaises, mais l’image qui en ressort est étonnamment flatteuse, et surtout assez loin des réalités.
Les problèmes d’éducation et la démission parentale ne sont pas des mythes chez nous, mais je pense qu’il y a quand même un fond de vérité dans cet article (notamment grâce à Feu Super Nanny?). Une des raisons qui m’a poussé à le mettre en avant, c’est qu’il illustre à la perfection le concept de l’herbe plus verte ailleurs.
Dans nos contrées, nous avons pour modèle idéal le système éducatif allemand, ou, mieux encore, le modèle suédois. D’ailleurs, à bien des égards la Suède est un modèle à suivre.
Il serait intéressant de savoir qui les Suédois ont en modèle.. On finirait peut-être par créer un cercle sans fin !
Allez, pour conclure cet article très long, je ne résiste pas à l’envie de vous citer un autre passage du papier de Pamela Druckerman, très révélateur sur l’image qu’elle a perçu de nos bambins.
Leçon à la française (pour éduquer vos enfants) :
– Les enfants doivent dire bonjour, au revoir, merci et s’il vous plaît. Ça les aides à apprendre qu’ils ne sont pas les seuls à avoir des sentiments et des besoins.
– Quand ils se comportent mal, faites leur les « gros yeux », un regard fixe qui a l’air mécontent.
– Un seul snack par jour, en France, c’est le goûter à 16h ou 16h30.
– Rappelez-leur qui est le patron en disant « C’est moi qui décide ».
– N’ayez pas peur de dire non. Les enfants doivent apprendre à vivre avec quelques frustrations.
Why french parents are superiors, par Pamela Druckerman.