Je ne veux pas faire mon vieux schnock d’entrée de jeu, mais je me souviens du temps où les blogs n’étaient vraiment que ce qu’ils prétendaient être, c’est à dire des weB-LOG, des journaux, tout sauf intimes, en ligne.
J’ai eu un de ces blogs et il est d’ailleurs toujours en ligne : manzin.joueb.com. Il sent bon la nostalgie et les fautes d’orthographes. Mais surtout, quand on le compare à ce qu’il se fait aujourd’hui, on dirait vraiment un genre de carnet intime.
Les blogs de nos jours sont des blogs d’experts, hypers spécialisés, où chacun parle de son domaine de compétence sans trop s’attarder sur d’autres sujets. On peut parler de soi, mais toujours en lien avec ce côté expert. Car le blogueur d’aujourd’hui est un phare dans la nuit, une bouée de secours pour l’internaute en quête de savoir. Le blogueur est investi d’une mission : informer et conseiller ses visiteurs sur les bonnes pratiques ou les bons outils gravitants autour de son domaine de compétence.
C’est pour cela que l’on appelle un blogueur populaire un influenceur.
Voici la définition de ce terme : » Un influenceur ou influencer est un individu qui par son statut ou son exposition médiatique peut influencer les comportements de consommation dans un univers donné. »
Cette petite phrase en dit long. Le blogueur, en promulguant ses conseils permet d’influer sur les ventes d’une marque au détriment des autres. Et ça, les marques justement l’ont bien compris.
Au risque de jeter un pavé dans la marre, vous devez savoir que dès qu’un blog prend un peu d’ampleur, il est rapidement sollicité par les marques pour réaliser des placements de produits.
Rares sont les blogueurs qui vivent uniquement de leur site internet. Bien souvent ce sont des gens « normaux » avec un job le jour, et un blog la nuit. Aussi, pour ces gens-là, ce faire accoster par une marque qui leur propose de tester des produits, c’est souvent une aubaine. Je ne veux pas leur jeter la pierre, mais bien des blogueurs sont prêt à troquer un peu de leur influence contre des produits et des faveurs.
En fait, ce qui me dérange le plus, c’est que les marques font des blogueurs une arme de communication supplémentaire. Vous avez la pub à la tv, la pub sur internet, la pub dans les magazines… et les produits sur les blogs.
Le deal est rarement explicite, mais lorsqu’une marque contacte un blogueur pour lui envoyer un produit, il est tacitement accepté que ce dernier fera un article sur le sujet.
On m’a proposé cet exercice et je ne l’accepte que si la marque est en phase avec ma façon de fonctionner, c’est-à-dire que je dirais réellement ce que je pense et non pas ce qu’elle veut que je dise.
Car à quoi bon avoir un espace de parole indépendant si c’est pour devenir un outil de communication, un genre de lobbying qui n’en porte pas le nom et qui est pourtant hyper efficace.
Alors voilà, c’est décidé, à partir de maintenant ne m’appelez plus influenceur. Je ne veux plus de ce terme, je suis un conscientiseur !
Moi aussi j’ai le droit de faire des néologismes, y a pas de raison.
Le but de ce blog n’est pas de vous influencer à acheter tel ou tel produit, mais d’ouvrir votre conscience sur des problématiques, des réflexions, etc.
Je veux que vous puissiez réfléchir par vous même, que vous ayez les ressources de voir et comprendre une situation dans son ensemble et de prendre vos propres décisions.
En clair, je ne veux pas être à la botte des marques et seule ma liberté de parole m’importe.
Aussi, ne m’appelez plus influenceur, et rejoignez-moi dans le nouveau club des blogueurs conscientiseurs !
Crédit photo (c) aliasching – Fotolia.com
conscientiseur, c’est pas mal du tout ma foi !
j’ai une étudiante qui m’a envoyé un questionnaire pour son mémoire, sur les blogs et l’influence
a la question : etes-vous un influenceur ? J’ai répondu non. Ce n’est pas comme ca que je vis mon blog non plus !
C’est compliqué pour un blog de rester indépendant… Etant aussi une geek et entrepreneur (petite dans l’e-commerce) depuis quelques années, j’ai aussi pu voir comment les blogs ont pris de la valeur mercantile… J’ai croisé sur de web et en dehors des blogueuses influentes et aussi de « futures blogueuses » actuellement influentes… Avant c’était pour partager quelque chose… Aujourd’hui tous les jours des blogs mamans et papas sont crées POUR avoir des cadeaux des marques. Je reçois des mails toutes les semaines et si j’explique que je ne peux pas me permettre d’offrir des cadeaux et faire des jeux concours ici et là, de suite même une réduction semble un « déshonneur » pour ces blogueuses. C’est cadeau offert, jeux concours ou rien. C’est très triste car j’ai de produits supers, exclusifs et utiles (genre les tshirts pour peau à peau, même pour papa), qui peuvent vraiment aider à des parents de prématurés… Mais aux yeux de ces blogueuses ce n’est pas la peine d’en parler car ils ne seront pas gratuits…
Une de dizaine d’exemples me reviennent. J’ai déjà eu à faire avec une blogueuse (très lue, des tas des fans FB) qui parlait d’un produit américain se demandant à quand la vente en France ? J’avais pris le temps d’expliquer (quand j’écris, j’écris…) que malgré leur plan de com, le produit était mauvais et qu’ il serait intéressant qu’elle évalue d’autres avis (américains même) avant de faire la pub… J’ai fais une longue liste expliquant tous les points négatifs (je l’ai vu le produit) et pourquoi à mon avis il me semblait une mauvaise de faire la pub à distance pour ce produit (si le produit était bon je le vendrais moi)…. Je n’ai pas demandé de parler de ceux que je vends (canadiens), ni de ma boutique mais la réponse a été immédiate, une demande de produits de mon site pour enlever son article…. L’envoie étant un pré-requis pour qu’elle fasse un comparatif et qu’elle décide si elle examinerais mon point de vue… Un comparatif avec un produit qu’elle n’a même pas testé juste vu sur une jolie pub américaine ? L’article est toujours là en ligne depuis des mois… J’espère juste que des mamans ne l’achètent pas sur internet aux USA car le bébé est vraiment mal installé. Je le trouve même dangereux. Blogueuses indépendantes, j’y crois de moins en moins… Peut être vous serez le premier des « conscientiseurs », et je le souhaite très vivement… Sincèrement !
Bonjour Sandrine,
merci pour cette réponse intéressante et constructive.
Oui, j’en parle régulièrement autour de moi, beaucoup de blogs ne sont que des passe-plats pour le marketing car les marques n’ont qu’à offrir un produit pour se voir bénéficier d’un article élogieux, quand ce dernier n’est pas tout simplement le copier/coller d’un communiqué de presse.
Qui est à blâmer ? Les marques qui veulent profiter d’un système d’écoute que les internautes pensent encore indépendant et libre de toute intervention marketing ? Les blogueurs qui voient là une bonne occasion d’arrondir leurs fins de mois ?
Ce qui est certain c’est qu’à un moment donné la ligne a été franchi et que le concept de blogueur indépendant, libre de ses mots et de ses actes n’existe plus beaucoup.
Pour y arriver, il faut renoncer à l’idée de vivre de son blog… ce qui de toute façon, même en étant le roi des lèche botte, reste très difficile à faire. Il faut conserver sa ligne éditoriale, respecter ses principes et savoir dire « non merci » quand on nous propose des partenariats clairement orientés.
Ce n’est pas toujours facile, on fait souvent des erreurs, mais c’est possible 🙂
Si je te dis que je me souviens d’un temps ou les blogs n’existaient pas et que leur équivalent était encore plus laid et en html ça compte ? 😉
Pour le reste, je dirais que ce qui m’insupporte le plus dans les blogs d’aujourd’hui, c’est leur caractère commercial. Les bloggeuses et blogueurs ne le font (pour beaucoup mais pas tous) que pour gagner de l’argent, ce qui donne très souvent des articles bien fichus certes, mais pas du tout objectif…. et je pense qu’on est déjà bien assez envahi par le pub dans les journaux, magasines, sur la toile et à la TV (zut, j’ai oublié la radio).
Il est loin le temps où les sites et les blogs étaient tenus uniquement par des passionnés qui se fichaient bien de gagner de l’argent avec leur site et qui ne le faisaient que par passion (au millénaire dernier ? Déjà ?!)…