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Dans l’imaginaire collectif, un accouchement, ça se passe comme ça :
Il est 20h, votre femme enceinte de 8 mois et demi et vous êtes au restaurant, au théâtre ou au cinéma et tout va bien. La discussion va bon train sur la couleur des murs de la chambre du bébé, quand soudain entre le fromage et le dessert, votre femme vous regarde et vous dit  » Chéri, je crois que je viens de perdre les eaux…« .
Panique à bord ! Le monde tel que vous le connaissiez vient de s’écrouler sous vos yeux. Vous vous levez en trombe, les cheveux déjà hirsutes, vous collez une droite au serveur qui était venu vous apporter la carte des desserts. Les joues rouges, vous hurlez à la mort « OH MON DIEU ! On va avoir un bébé ! Que quelqu’un appel une ambulance/un taxi ». La variante, si vous êtes véhiculé, consisterait à simplement hurler puis partir en voiture à l’hôpital.

Dans le véhicule, votre femme à des contractions et elle est toute transpirante, tentant désespérément, les yeux injectés de sang et hurlant de douleur, d’arracher des morceaux de siège avec ses mains nues. Vous, vous faites ce que vous pouvez pour la calmer, dont la fameuse phrase magique « calme toi chérie » qui d’ailleurs ne donne pas franchement les résultats escomptés.

En arrivant aux urgences, le mythe de l’accouchement est encore plus fort. On s’imagine que l’on va passer la porte des urgences sur un brancard avec un infirmier hurlant  » femme, 30 ans, travail commencé dilatation à 8, constantes en baisse, saturation à 80, vite on est en train de la perdre ! ». Là-dessus, une demi-douzaine de médecins vous tombe dessus et fait tout un tas d’examens tout en marchant et en parlant très fort.

Dans la salle d’accouchement, votre femme s’est transformée en un genre de variante entre Hulk (rapport à la force avec laquelle elle broie votre main) et la petite sirène un matin pas frais (les cheveux gras et trempés, le teint blafard). Mais surtout elle est devenue une personne que vous ne connaissiez pas, laissant son habituelle bonté s’éclipser au profit de copieuses injures gratuites distribuées, équitablement, à l’endroit du personnel médical et de votre personne.

Au bout de longues heures d’une lutte invisible, d’infirmières criant « POUSSEZ, POUSSEZ MADAME !! » votre enfant arrive au monde. Sur quoi un médecin, en blouse blanche qui passait par là l’attrape, le pend par les pieds, lui colle une claque aux fesses et vous dit d’un air satisfait : C’est un garçon/une fille ! Puis il pose l’enfant enrubanné dans une serviette sur le ventre de sa mère qui est soudainement calmée et en pleure. Le papa, lui aussi, pleure à chaudes larmes et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants…

Bon… Par où commencer ? Tout ce que vous venez de lire n’est pas 100 % faux. Mais disons qu’ une grande partie de toute cette aventure est véhiculée par les cinéastes hollywoodiens en manque d’action. Car, en vérité, un accouchement c’est beaucoup plus calme !

La chose qui m’a le plus étonné, avec l’accouchement, c’est qu’il s’agit d’un geste hyper médicalisé. C’est loin d’être l’aventure barbare que ça a pu être à une époque. Aujourd’hui, tout est sous contrôle, vérifié, monitoré… On connaît le rythme cardiaque du bébé, l’intensité des contractions, bref rien n’est laissé au hasard.

Je tiens à préciser que toutes les expériences d’accouchement ne sont pas identiques, surtout pour les femmes qui ne reçoivent pas la péridurale. Pour celles-ci, le côté barbare peut redevenir très rapidement une réalité !

Tout commence par une grosse période d’incertitude qui s’installe au début du 8e mois de grossesse. À partir de ce moment-là, vous savez que l’accouchement peut arriver n’importe quand ! Ne prévoyez pas de vous absenter quelques jours pour le boulot, vous pourriez le regretter.

Heureusement, les signes de départ de l’accouchement sont nombreux, et il peut y avoir plusieurs jours entre le début du travail et la naissance. Il faut juste être bien à l’écoute de son corps. Enfin, du corps de sa femme.

Durant sa grossesse votre femme pourra connaître des petites contractions, qui sont parfaitement normales. Souvent, les femmes enceintes se demandent si elles sauront distinguer ces contractions du début du travail. La réponse est oui ! Lorsque les véritables contractions arrivent… La douleur s’installe, et le doute s’en va ! Votre femme alternera entre phases d’intense douleur, et phases d’accalmie.

Si vous avez suivi les cours de préparation à l’accouchement, vous savez qu’il ne faut se rendre à la maternité qu’une fois les contractions douloureuses espacées de 5 minutes. Ça c’est la théorie, parce que dans les faits, la douleur que subit votre femme vous conduit bien souvent à aller à la maternité avant que tous les critères ne soient réunis. Dans notre cas, nous y sommes allés trois fois !

Le premier soir, j’étais assez content parce qu’il était 3h du matin et que ça ressemblait à l’idée que je me faisais d’un accouchement. Sauf qu’on est arrivé en sifflotant et en rigolant, signe que le vrai travail n’avait pas encore commencé. On est donc rentrés tout penauds à la maison.

Le lendemain, on s’est fait rembarrés de la même façon, mais là on rigolait déjà moins.

Le surlendemain, vers midi, il n’était plus question qu’on nous dise de rentrer à la maison, sinon je crois qu’il y aurait eu un meurtre ! Et ça, c’est le bon signe ! Quand votre femme vous dira « S’ils ne me laissent pas accoucher ce soir, j’étripe quelqu’un ! » C’est que le col de l’utérus est déjà bien dilaté !

Une fois que vous êtes entrés dans la forteresse qu’est la maternité, une sage-femme (qui peut être un homme, mais c’est rare) vous prendra en main, inspectant régulièrement l’avancement du travail. Dans notre cas, nous avons accouché à la maternité de l’hôpital Louis Mourier à Colombes, et nous ne pouvons que chaudement la recommander !

Très rapidement, nous avons eu une chambre, qui allait être, 8 heures plus tard, le lieu de naissance de ma fille !

Une fois installée sur son lit, votre femme recevra la visite de nombreuses infirmières, qui lui poseront plein de questions, lui installeront une perfusion, prendront sa tension, installeront une sonde pour le monitoring… Bref ça s’affaire pendant un petit moment, tandis que les contractions continuent d’augmenter en intensité.

Et puis, arrive l’anesthésiste et sa péridurale magique ! Dès que la perf est posée, l’accouchement prend un tout nouveau visage ! Il n’y a plus de cris, plus de douleurs. C’est le calme. Du coup, on bouquine en attendant que le col se dilate, on dort un peu, on papote, on fait de l’administratif. Et tout ça peut durer assez longtemps ! Dans notre cas, l’attente a duré 5h30.

La phase finale de l’accouchement, l’expulsion en elle-même, ne dure que quelques minutes (si tout va bien). On pousse, on pousse, et hop ! Le petit bébé est là ! Encore une fois, dans notre cas, la poussée à duré 20 minutes !

À la naissance, notre fille ne s’est pas mise à crier tout de suite. L’infirmière l’a d’abord posée sur le ventre de sa mère le temps que le placenta sorte (généralement dans les dix minutes après la naissance, si tout va bien), et pendant ce temps, notre petite Maëlle n’a fait que chouiner légèrement. Ce n’est qu’une fois que la sage-femme l’a prise pour aller faire un bilan qu’elle s’est mise à hurler.

S’il y a une expérience que je recommande vivement à tous les nouveaux papas, c’est le peau-à-peau dès la naissance. On va vous le proposer, et vous auriez tort de refuser ! L’idée étant que vous enlevez votre chemise/t-shirt, puis vous placez votre enfant, nu, directement au contact de votre torse. C’est un moment de calme, après l’agitation de la naissance. J’en garde un souvenir fort et marquant ! Pendant 9 mois, seule la femme peut sentir le bébé, et là, enfin, il devient bien concret ! Il était temps !

De l’accouchement, dans sa globalité, j’en garde le souvenir d’un moment vraiment différent de ce que j’imaginais. Contrairement à ce que je pensais, le plus dur n’est pas l’accouchement en lui-même, mais les contractions qui le précèdent. 

Bon, si vous avez lu cet article en entier c’est que vous ne devez plus être très loin du terme, aussi, un dernier conseil : coupez votre téléphone, profitez de ces derniers instants de vie à deux et surtout… surtout ! Restez du côté « propre » de l’accouchement ! Il y a des choses que seul le corps médical doit voir, faute de quoi l’image que vous avez de votre femme pourrait radicalement se transformer… et ça, vraiment, vous n’en voulez pas !

 

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Nicolas

The author Nicolas

Nicolas est un papa, Nicolas est un geek, Nicolas est un papa geek ! Mais aussi journaliste, et photographe professionnel.

1 Comment

  1. Superbe article, nous avons vécu notre premier accouchement comme toi !
    Faux départs, contractions douloureuses, attente de la péri, « expulsion rapide (nous 5 minutes seulement) peau à peau…
    Wahoo que de souvenirs !
    Et dire que je vais reconnaitre ça dans … 9 jours 🙂

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